Dans la famille Cebidae, Mystick demande un saïmiri. Dans celle des Callitrichidae, J.-M. un ouistiti à pinceaux blancs et David une perle rare chez les Iguanidae, Petrosaurus thalassinus, un lézard déserticole et terrestre originaire du Mexique...
Cet inventaire n'est pas un jeu des sept familles du genre animalier, mais le type d'annonces que l'on lit sur les nombreux sites Internet consacrés aux NAC. Entendez par là, les nouveaux animaux de compagnie, des espèces très variées : exotiques et rares, domestiquées, tels les rats et les furets, des mammifères comme les chevaux miniatures, les ânes et les cochons nains, ou des espèces à mauvaise réputation, tels les serpents et les araignées.
Les NAC constituent un marché florissant en France, dopé par des films comme Babe, le cochon devenu berger ou Ratatouille, avec près de mille animaleries, plusieurs Salons, deux millions de rongeurs, des milliers d'adeptes de reptiles et encore davantage d'animaux importés.
"Ces dix dernières années, les ventes de NAC, surtout des reptiles, ont progressé de 20 % par an, explique Karim Daoues, qui a fait de sa passion son métier et dirige depuis 1993 l'animalerie La Ferme tropicale, dans le 13e arrondissement de Paris. En 2009, nous avons vendu près de 35 000 animaux, pour un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros." De fait, le samedi, la boutique ne désemplit pas : plus de 500 personnes, et pas moins de 300 ventes.
Dans la ménagerie des NAC, l'animal qui court en tête, c'est le furet, petit rongeur domestique qui est au putois ce que le chien est au loup. Avec plus de 1 million de spécimens, il serait devenu le troisième animal de compagnie après le chien (7,8 millions) et le chat (10,7 millions). Katia Maréchal, 31 ans, éleveuse de furets à Athienville (Meurthe-et-Moselle), est rédactrice en chef du magazine Minizoo : "Après le boum des dernières années, la demande reste plus forte que l'offre, les gens en veulent au moins deux, et souvent cinq." Les acheteurs ? Essentiellement des urbains, qui viennent de toute la France et de l'étranger. Ils ont entre 23 et 42 ans, vivent en couple et prennent à deux la décision de prendre des furets, même si, sur le sujet, ce sont souvent les femmes qui s'expriment.
Pour Stéphanie de Vaux, qui vit dans une maison en Seine-et-Marne avec trois furets, c'est un rêve d'enfant réalisé : "Ma mère n'en voulait pas, elle trouvait que les furets puaient. Objectivement, il y a des odeurs, surtout chez les mâles. Mais les miens sont castrés et on parfume, on nettoie et on a un jardin."
Stéphanie s'occupe de la nourriture, du confort, elle materne. Son compagnon invente des jeux avec les rongeurs. Attachés à leurs NAC, Céline Grisot et son ami – quatre furets en totale liberté dans un appartement, des lapins, des rats, un hamster, un octodon et une gerbille – ne s'imaginent pas s'en séparer quand viendront les enfants : "Grandir avec des animaux rend plus responsable, sensible et moins égoïste."
Quant à Aline Parmentier, sa "chambre est un zoo", dit-elle. Quatorze rats, cinquante souris de couleurs, des insectes mimétiques de différentes sortes, deux hamsters, un chat et une souris épineuse, une variété aux poils piquants sur la queue.
Elle ambitionne de réserver une pièce pour "ses petites bestioles" quand elle déménagera. Pour l'heure, "deux grandes cages abritent les rats par sexe et les souris vivent dans une sorte d'HLM en étagères". Chanceux, tous ces propriétaires de NAC ont des parents qui s'en occupent pendant leurs vacances.
Et côté budget ? Un furet coûte entre 200 et 350 euros, l'entretien et la nourriture entre 20 et 50 euros par mois. Puis, il y a les visites vétérinaires et les médicaments, difficiles à évaluer. Le coût d'une castration ou stérilisation ? Entre 100 et 300 euros. "Les souris et les insectes ne coûtent pas cher, dit Aline Parmentier, car ils mangent des herbes, plantes, ronces, lierres et troènes."
"J'aime la relation fusionnelle avec mes lapins. Sitôt levée, je vais les voir, et le soir, je les câline", s'émeut Séverine Lorriaux, qui vit en couple et avec neuf lapins nains, un chinchilla, une perruche moineau et un cochon d'Inde, dans une maison à Cambrai (Nord).
Yves Firmin, vétérinaire au Cannet (Alpes-Maritimes) – ex-cofondateur, il y a vingt ans, du Groupe d'études des nouveaux animaux de compagnie (Genac) –, l'atteste : "Les gens sont attachés à leurs bestioles. Ils m'apportent leurs cafards, mygales et crabes dépressifs ou cardiaques. J'ai reçu, aujourd'hui, dix rats dont un âgé de 3 ans que j'ai opéré d'une tumeur au rectum, des oiseaux, un reptile, une tortue et une marmotte."
Leurs motivations ? "Il y a les passionnés de l'observation, de la génétique et de la coloration ; ceux qui apprécient d'avoir un morceau d'exotisme, pour le rêve et la beauté ; les affectifs, qui ont des vraies relations avec leurs animaux, détaille le vétérinaire. Mais on ne peut pas parler d'affectif pour les animaux à sang froid ou les insectes. Puis, il y a les intéressants qui se baladent avec leur mygale."
Mélina Gazsi
Le monde.fr